Face à une fréquentation croissante et le besoin de mieux gérer les flux de voyageurs, la SNCF envisage d’imposer la réservation obligatoire dans les trains express régionaux (TER). Cette décision, déjà mise en place en Normandie et testée dans le Grand Est, suscite l’indignation des usagers et des associations de défense des voyageurs.
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ToggleUne mesure controversée
La proposition d’imposer une réservation obligatoire dans les TER a résonné comme une véritable cloche d’alarme pour de nombreux utilisateurs. Le collectif européen #enTrain n’a pas tardé à dénoncer cette « avionisation des TER ». Pour eux, cette contrainte risque non seulement de décourager l’utilisation du train au profit de la voiture, mais aussi de marginaliser certaines catégories de voyageurs.
Les critiques soulignent plusieurs points négatifs liés à ce système. D’abord, de nombreux usagers sans horaires fixes, notamment ceux se rendant au travail, trouvent la mesure inadaptée. Ensuite, elle complique également la vie des personnes âgées ou de celles qui n’ont pas accès à Internet, car elles dépendaient jusqu’à présent de la facilité d’accès spontanée aux trains régionaux.
Le modèle normand : réussite ou illusion ?
En Normandie, où l’obligation de réservation est en place depuis 2022, la SNCF affirme ne pas avoir reçu de retours négatifs. Pourtant, la perception sur le terrain pourrait être différente. Il faut prendre en compte qu’une absence de retour ne signifie pas nécessairement une acceptation unanime. Les voyageurs mécontents peuvent souvent choisir des alternatives sans exprimer leur frustration directement auprès des autorités concernées.
Les expériences anecdotiques rapportent que certains usagers regrettent la flexibilité perdue. La spontanéité, jadis avantage majeur des TER, semble réduite sous ce nouveau régime. La question reste donc ouverte : cette mesure est-elle réellement adaptée pour toutes les régions ?
Expérimentation dans le Grand Est
Dans la région Grand Est, la justification principale de cette expérimentation réside dans la régulation de la surfréquentation et la garantie d’obtenir une place assise. Cette démarche vise principalement à améliorer le confort des voyages en train, un point souvent critiqué par les usagers lors des heures de pointe.
Cependant, nombreux sont ceux qui remettent en cause cette logique. Certains argumentent que si la demande dépasse largement l’offre, c’est peut-être le signe qu’il faudrait augmenter les capacités des trains plutôt que de contingenter les achats par réservation obligatoire. L’inconfort temporaire ne justifierait pas une telle entrave à la liberté des utilisateurs, surtout pour un mode de transport supposé accessible et flexible.
Des usagers opposés à cette généralisation
Les réactions variées montrent bien la complexité de la situation. Beaucoup d’usagers, habitués à prendre le train de manière flexible, voient cette mesure comme une aberration. Leur quotidien est rythmé par des impératifs qui ne se plient pas facilement à un planning rigide de réservations.
Voici quelques raisons pour lesquelles cette obligation inquiète les usagers :
- Flexibilité réduite : La nécessité de planifier strictement chaque déplacement enlève toute spontanéité, particulièrement pénalisante pour ceux avec des emplois du temps changeants.
- Accès limité : Ne pas pouvoir réserver facilement risque de marginaliser des groupes déjà vulnérables, comme les personnes âgées ou sans accès à Internet.
- Complexité administrative : Le processus de réservation ajoute une couche supplémentaire de complexité administrative que beaucoup préfèrent éviter.
Le contingentement d’achats : une solution ou un problème ?
Imposer la réservation obligatoire suppose effectivement de limiter le nombre de billets vendus par train pour garantir une place assise pour chaque voyageur. Cependant, ce contingentement d’achats pourrait paradoxalement encourager un attrait pour la voiture, perçue alors comme plus pratique malgré ses désavantages écologiques.
L’avionisation des TER évoquée par le collectif #enTrain traduit bien cette crainte de voir le train devenir un moyen de transport élitiste, réservé seulement à ceux capables d’organiser leurs trajets à l’avance. Ironiquement, cette tentative de modernisation et d’amélioration du service pourrait bien avoir l’effet inverse, en éloignant encore davantage certains publics des transports en commun, aggravant ainsi les problématiques de pollution et de trafic routier.
Que veut dire l’avionisation des TER ?
En évoquant une « avionisation », le collectif met en lumière une transformation où les TER emprunteraient un modèle proche de celui des compagnies aériennes, où chaque trajet doit être prévu et réservé. Si ce mode de fonctionnement peut parfaitement s’appliquer à des long-courriers, il apparaît moins adapté pour des déplacements quotidiens impliquant rapidité et imprévisibilité.
D’aucuns diront que cette orientation va à contre-courant de l’esprit même du TER, conçu pour être un service de proximité, facile d’accès et destiné à un large public. En imposant ces limites, on aurait tendance à oublier la mission première des trains régionaux, dont l’objectif principal est de desservir efficacement les territoires en maintenant une accessibilité optimale pour tous.
Mesure expérimentée mais généralisée
Alors que l’objectif de réguler la surfréquentation semble louable, la mise en place étendue et généralisée de ce type de mesure expérimentée pourrait, au contraire, rencontrer davantage de résistance. Les voix d’opposition appellent à des solutions plus inclusives et mieux adaptées aux besoins réels des usagers, comme par exemple augmenter les capacités des trains ou diversifier l’offre horaire pour étaler les flux.
Certains proposent aussi des options hybrides où une partie des places seraient accessibles sans réservation, permettant ainsi de maintenir un juste milieu entre régulation et flexibilité. Cela permettrait de répondre au double objectif de fluidifier les flux tout en préservant la souplesse essentielle des TER.
Vers une révision des pratiques ?
Il devient clair que pour qu’une telle mesure soit acceptée, elle nécessitera probablement des ajustements fins et une grande écoute des besoins locaux. Une collaboration étroite entre les autorités et les associations d’usagers paraît indispensable afin de construire des solutions concertées et équilibrées. Ignorer les préoccupations exprimées risquerait d’envenimer la situation, poussant davantage de voyageurs à délaisser les transports publics.
En conclusion – bien que nous ne fassions ici pas une conclusion traditionnelle – il est important d’insister sur la diversité des contraintes et des modes de vie des usagers des TER. Entre la digitalisation galopante et le respect des habitudes traditionnelles, trouver une synergie gagnante sera sûrement un défi majeur mais crucial pour assurer un avenir viable à ce mode de transport régional.